La Garonne à vélo : récit engagé de vacances bas carbone

Je retrace pour vous l'organisation d'une semaine de vacances en train + vélo très réussie, espérant qu'elle puisse servir d'inspiration. On fera aussi le bilan économique et climatique, pour finir sur des perspectives pour rendre ce modèle crédible et désirable aux yeux du plus grand nombre.

Florimond Manca,

Voyager a vélo : voilà une pratique en plein boom 1, et quelque que je n'avais encore jamais tenté… Hé bien, c'est désormais chose faite !

En août 2021, des amis et moi avons voyagé à vélo pendant 7 jours entre Toulouse et Bordeaux, le long du canal latéral à la Garonne. Beau temps, air frais, ambiance sportive mais accessible : un pur bonheur !

Nous étions 8 personnes en tout : Émilien, Éleonore, Nicolas, Léo, Stella, Seb, Thomas, et moi.

Quelques semaines plus tard, c'est l'occasion pour moi de vous décrire pourquoi et comment nous avons organisé ce voyage. Qui sait, peut-être que cela servira d'inspiration à certaines et certains ? :-)

Cette expérience assez peu chère et décidément bas carbone [je vous le montrerai] nous ayant tant conquis, j'esquisserai aussi quelques pistes visant à rendre ce modèle des vacances train + vélo crédible et désirable pour le plus grand nombre.

N.B. : cet article prend davantage la forme d'un guide pratique argumenté qu'un carnet de voyage. Mais restez jusqu'à la fin : d'autres personnes ont tenté l'aventure cet été et nous ont ramené plein de belles images !

[Merci à Maël, Éléonore, et surtout Stella pour leurs relectures.]

Canal de la Garonne, entre Montech et Castel-Sarrasin. Crédit photo : adapté de Tourisme Tarn et Garonne, 2010, CC-NY.
Canal de la Garonne, entre Montech et Castel-Sarrasin. Crédit photo : adapté de Tourisme Tarn et Garonne, 2010, CC-NY.

Sommaire

Pourquoi partir en vacances à vélo ?

L'être humain est fort pour trouver des raisons après-coup à ses décisions… Je pourrais faire comme si le choix de partir en vacances à vélo avait été mûrement réfléchi, mais ça ne s'est pas exactement passé comme ça. :-)

En réalité, c'est notre amie Stella qui a eu l'idée la première. Engagée pour le climat elle aussi, elle a plutôt procédé par élimination des options carbonées : l'avion c'est hors de question, la voiture il vaut mieux éviter… Les vacances itinérantes l'attiraient aussi. Restent alors le vélo ou la rando. Par envie de distance et pour éviter les poids, elle a donc décidé de partir en vélo ! "Et qui m'aime me suive…"

Mais avec plaisir, Stella ! ;-) Ni une ni deux, toute la bande a suivi. Je crois que la perspective de vacances décalées entre amis a été un fort moteur.

A posteriori, voici cependant certaines des raisons qui m'ont personnellement motivé.

D'abord (et avant tout), le caractère bas carbone. J'en suis désormais convaincu, et la première partie du rapport du GIEC remise le 9 août 2021 le rappelle 2 : le changement climatique va nécessiter de revoir nos modes de vie. Les vacances ne sont pas à négliger. Or dans le tourisme — et a fortiori lors des vacances — le premier poste d'émissions de gaz à effet de serre (GES) reste le transport. Dans une étude récente, l'ADEME estime ainsi sa part à 77% des émissions du secteur touristique, l'avion et l'automobile pesant le plus lourd dans ce bilan 3. Agir sur ce poste en priorité semble donc pertinent pour réduire l'impact carbone des vacances.

Jusqu'ici, mes vacances d'été (en famille ou entre amis) se faisaient habituellement en voiture + location (camping, gîte, …). Certes, on peut faire bien pire [ex : partir en avion], mais on peut aussi faire… bien mieux.

C'est là qu'entre en scène le duo train + vélo ! 🚆🚲

En effet, d'un point de vue climat :

  • Voyager en train est particulièrement intéressant en France, grâce à un réseau ferré d'excellente qualité [quoiqu'on en dise] et propulsé à l'électricité bas carbone. En ordre de grandeur, un trajet en TGV émet ainsi 100 fois moins de GES qu'en voiture ou en avion à distance équivalente 4.
  • Concernant le vélo, son impact carbone à l'usage va de virtuellement nul (pour un vélo classique) à aussi bien que le TGV dans le cas d'un VAE (vélo à assistance électrique) 5. D'une manière générale, le vélo est un excellent moyen de décarboner la mobilité, alors aucune raison de s'en priver pour les vacances !
  • Enfin, train et vélo se combinent très bien ! En France, la SNCF fait de plus en plus de places vélo dans les trains. La plupart des TER disposent désormais d'au moins 6 places vélo [encore parfois trop peu pour éviter les congestions l'été…], et certains TGV et Intercités proposent des emplacements à la réservation [et d'ailleurs elles partent vite : il faut s'y prendre à l'avance !].

Ensuite, j'avais tout simplement envie de tester le concept. Je n'avais jamais voyagé à vélo auparavant. Le côté itinérant et joyeux associé à la liberté du vélo m'ont particulièrement attiré. Au final je n'ai pas été déçu : l'ambiance sur les pistes cyclables est radieuse (comme en randonnée, si vous avez déjà eu la chance de pratiquer), et le faible encombrement du vélo permet de faire des pauses dans des endroits insolites ou peu accessibles en voiture.

Le bord de la Garonne, à la sortie du Mas d'Agenais, où nous avons passé quelques temps avant de repartir pour notre prochaine étape, entre jeux de cartes et bain de soleil.
Le bord de la Garonne, à la sortie du Mas d'Agenais, où nous avons passé quelques temps avant de repartir pour notre prochaine étape, entre jeux de cartes et bain de soleil.

Enfin, si le tout pouvait être plus économique qu'à l'habitude, ça n'allait pas être de refus. De ce côté là, je peux en tout cas dire que ce n'est pas plus cher : pour ce voyage top confort d'une semaine, nous avons dépensé de l'ordre de 600 € par personne tout compris (train, vélos, hébergement, alimentation, extras). Je détaillerai les dépenses un peu plus loin. Vous verrez qu'on peut même réduire un peu le budget sans rogner sur la qualité du voyage [car nous, on a un peu abusé sur les restos…].

Je m'arrête là, mais les voyageurs et voyageuses convaincus ou en passe de tenter l'aventure trouveront certainement d'autres raisons. ;-)

Au fait : le vélo dans la vie de tous les jours est aussi une très bonne idée ! Contrairement aux idées reçues, c'est accessible à tous, peu fatigant et très économique, en plus d'être un excellent moyen de décarboner nos mobilités 6.

Cette introduction étant faite, voyons maintenant les détails du voyage…

Description du voyage

Organisation générale

Le concept général était de descendre le canal latéral à la Garonne, entre Toulouse et Bordeaux. Long d'environ 200 km, il fait partie du Canal des 2 Mers, dont l'autre partie est le Canal du Midi, l'ensemble permettant aux navires de relier la Méditérannée à l'Atlantique par voie fluviale.

Carte approximative de l'itinéraire et des différentes étapes. Adapté d'une carte fluviale entre Toulouse et Bordeaux. Crédit : pnich.com, modifié avec Inkscape.
Carte approximative de l'itinéraire et des différentes étapes. Adapté d'une carte fluviale entre Toulouse et Bordeaux. Crédit : pnich.com, modifié avec Inkscape.

Côté logistique, nous étions 8 voyageuses et voyageurs venus de toute la France : il nous a donc fallu planifier un peu. Pour le détail, nous nous sommes retrouvés à Paris, pour descendre ensuite à Bordeaux en TGV grâce à la LGV inaugurée en 2017. De là, nous avons récupéré des vélos de location puis sommes remontés à Toulouse en TER pour entamer le voyage à proprement parler le long du canal (en sens inverse au TER, donc). Après avoir rendu les vélos à Bordeaux, nous avons pu rentrer à Paris en TGV, et rentrer au bercail le lendemain.

Caractéristiques du parcours

  • Durée : 7 jours (du samedi matin au samedi soir).
  • Distance : 250 km environ (détours compris), pour ~ 17 h de vélo au total, à 15 km/h en moyenne (soit ~ 2h30 et ~ 36 km par jour en moyenne). Les distances hautes et basses étaient de 45 km (Moissac-Agen) et 25 km (Marmande-La Réole) respectivement.
  • Dénivelé : ~ 1000 m en positif (D+) au total et ~ 1100 m en négatif (D-), selon l'appli de GPS vélo, soit entre 50 m et 200 m de D+/D- par jour en moyenne. Seules quelques montées et descentes lors des passages de ponts ou pour rallier les villes et villages d'arrêt (au Mas d'Agenais ou à Aiguillon notamment) : ce parcours était donc globalement très plat [le long d'un canal, c'est logique !].

Étapes

Jour Trajet Distance à vélo (durée approx.) Activités Nuit
Samedi 21/08 Paris > Bordeaux (TGV) > Toulouse (TER avec vélos) - Récupération des vélos à Bordeaux, visite et soirée à Toulouse Toulouse
Dimanche 22/08 Toulouse > Verdun-sur-Garonne 36 km (2h) Repas et balade nocturne à Verdun-sur-Garonne Verdun-sur-Garonne
Lundi 23/08 Verdun-sur-Garonne > Montech > Montauban 27 km (1h30) Pic-nic à Montech, visite et soirée à Montauban (Place nationale, centre historique) Montauban
Mardi 24/08 Montauban > Montech > Moissac 32 km (1h45) Pente d'eau de Montech, visite de Moissac (Pont canal, centre historique, abbaye) Moissac
Mercredi 25/08 Moissac > Valence d'Agen > Agen 44 km (2h30) Visite de Valence d'Agen, contournement de la centrale nucléaire de Golfech, visite d'Agen (Musée des Beaux Arts, centre historique) Agen
Jeudi 26/08 Agen > Aiguillon 37 km (2h) Repos et balade nocturne à Aiguillon Aiguillon
Vendredi 27/08 Aiguillon > Le Mas d'Agenais > Marmande 31 km (1h45) Visite du Mas d'Agenais, visite de Marmande Marmande
Samedi 28/08 Marmande > La Réole > Bordeaux (TER avec vélos) > Paris (TGV) 24 km (1h20) Visite de La Réole, [rupture de caténaire surprise dans le TER ;-)], rendu des vélos à Bordeaux Paris

Préparation

On ne va pas se mentir : un voyage itinérant en vélo de 7 jours pour 8 personnes où l'on change d'endroit tous les jours demande un peu plus de travail en amont que des vacances plus "classiques" où l'on se poserait à un endroit pour visiter ensuite les alentours.

De fait, je pense que la clé de ces vacances (très réussies !) a certainement été la préparation.

Pour vous donner un ordre d'idée, voici à quoi a ressemblé la chronologie de nos préparatifs :

  • Avril-mai : choix des dates et de l’itinéraire.
  • Juin : prospection et réservation des logements et des vélos.
  • Juin-juillet : réservation des trains, achat de matériel, et un week-end de calibrage pour 4 d'entre nous.
  • Août : derniers préparatifs.

Pour un voyage fin août, nous nous y sommes ainsi pris dès avril [soit 5 mois en avance] pour choisir l’itinéraire, les dates, et les principales étapes. Nous nous sommes ensuite réparti les différentes tâches : hébergements, location de vélos, activités sur place.

Évidemment, cela n'a pas demandé une attention quotidienne. Par contre, il y a des temps plutôt incompressibles : choix des dates, prospection de logements, réservation des transports.

Regardons tout cela plus en détail…

Itinéraire

En cherchant des itinéraires "faciles" [nous sommes débutants, après tout !] sur FranceVéloTourisme, nous avons envisagé 4 possibilités :

Après avoir voté et hésité avec la Bretagne, la Garonne l'a emporté. L'argument final : l'itinéraire est bordé d'une ligne de TER, un filet de sécurité important pour raccourcir le trajet en cas de coup de fatigue. Nous ont aussi été attirés par le potentiel de beau temps, l’itinéraire sécurisant (canal entièrement cyclable), et l'occasion de visiter le sud-ouest [une première pour beaucoup d'entre nous].

Vue d'une ruelle piétonne à La Réole, lors du dernier jour. Visible ici : la voie de TER sur le pont, et nos 8 vélos attachés ensemble sous celui-ci, nous permettant ainsi de visiter la ville à pied avant d'embarquer direction Bordeaux.
Vue d'une ruelle piétonne à La Réole, lors du dernier jour. Visible ici : la voie de TER sur le pont, et nos 8 vélos attachés ensemble sous celui-ci, nous permettant ainsi de visiter la ville à pied avant d'embarquer direction Bordeaux.

Dates

En parallèle du choix de l’itinéraire, nous nous sommes mis d’accord sur les dates. Pour cela, recueil des disponibilités de chacun semaine par semaine grâce à FramaDate.

Deux semaines sont ainsi ressorties : les première et dernière semaines d'août. Nous avons choisi la dernière semaine d'août, espérant éviter les fortes chaleurs du cœur de l’été [on ne pouvait pas prévoir qu’il serait en réalité si maussade !]. Nous avons finalement eu beaucoup de chance : dans le sud, cette semaine-là fut tout du long ensoleillée et raisonnable en température, avec pas plus de 30°C au plus fort de la journée [mais tristement, deux semaines plus tard, Agen était inondé…].

Hébergement

Une fois les dates établies et l'itinéraire arrêté, il s'agissait de prospecter pour les hébergements dans les différentes villes-étapes de l'itinéraire.

Nicolas et moi avons donc écumé les méandres du web (moteurs de recherche, Airbnb, Leboncoin, Gîtes de France, FranceVéloTourisme, …) pour trouver 7 hébergements (1 par nuitée) qui satisferaient ces diverses contraintes :

  • Prix : environ 15 à 20 € par personne et par nuit (à mi-chemin entre le camping à 5 €/pers/nuit et l'hôtel à 40 €/pers/nuit), soit un budget "hébergement" total de maximum 130 € par personne.
  • Nombre de couchages : 6 à 8 (avec de quoi poser des matelas gonflables si moins de 8 couchages).
  • Localisation : à proximité à pied ou à vélo d'un centre ville avec commerces (maxi 2 km), avec rangement sécurisé pour les 8 vélos.

Comme il fallait négocier et confirmer tout ça avec 7 personnes différentes, autant dire qu'il a fallu jongler avec les messageries et les emails… ;-)

Au final, 5 nuitées sur 7 se sont faites dans une location Airbnb (1 en appartement, et 4 dans une maison ou partie de maison, dont 2 splendides corps de ferme) et 2 nuitées en auberge de jeunesse.

Malgré le budget modéré (environ 120€ par personne pour 7 nuits, soit 17€ par nuit en moyenne), chaque hébergement était vraiment top confort. De quoi bien recharger les batteries entre les étapes !

[D'ailleurs, s'ils et elles passent par ici, je remercie publiquement Françoise, Kévin, Agnès, Guilhem, Kévin et Hélène, et Virginie pour leur accueil à chaque fois chaleureux et accommodant. :-)]

Vélos et équipements

En parallèle de l'hébergement, Léo et Stella se sont occupés de la location des vélos. Comparaison des loueurs et des tarifs, liste des besoins en équipement, plan logistique pour les correspondances en train…

Ici, petite contrainte supplémentaire pour nous : Éleonore et Nicolas se rendaient directement à Toulouse sans passer par Bordeaux. Nous avons donc dû trouver un loueur ayant une agence dans ces 2 villes pour faciliter la récupération des vélos [et, sans que ça ne soit de la pub, nous avons choisi Pierre Qui Roule].

Concernant les vélos, après le retour d'expérience de week-ends de calibrage, tout ce qui nous importait était qu'ils soient confortables et de bonne qualité. En l'occurrence ce fut le cas : de très bons vélos VTC. Même si l'assise était confortable, nous avons tous opté pour le cuissard rembourré — un vrai must pour éviter les frottements et douleurs après de longues heures de vélo. [Mention spéciale à la recyclerie sportive de Massy, où Stella a trouvé un magnifique cuissard d'occasion pour quelques euros seulement.]

Enfin, qui dit voyage à vélo, dit aussi sacoches de transport, pour ranger vêtements, nécessaire de toilette, et autres objets indispensables. Après renseignements, nous avons opté pour 1 sacoche de 20 L par personne : cela s'est avéré suffisant. Une sacoche commune contenait les objets partagés : savons solides, matelas gonflables de camping, etc.

Aperçu de l'équipement aux abords du Pont Canal de Moissac : vélo, sacoche, casque, et vêtements appropriés !
Aperçu de l'équipement aux abords du Pont Canal de Moissac : vélo, sacoche, casque, et vêtements appropriés !

À toutes fins utiles, voici la liste de ce que j'ai personnellement emporté :

  • 1 sous-short cycliste rembourré
  • 2 shorts techniques avec poches
  • 2 t-shirts techniques (1 synthétique, 1 laine merinos)
  • 2 t-shirts coton
  • 1 short chino
  • 8 jours de sous-vêtements
  • 1 paire de gants de vélo
  • 1 foulard de tête (*)
  • 1 K-way (*)
  • 1 serviette de bain microfibre
  • 1 gourde 500mL
  • 1 gourde supplémentaire 250 mL (*)
  • 1 trousse de toilette (peigne, crème solaire IP50, lunettes de soleil, lentilles, masques, …)
  • 1 paire de chaussures à bonne semelle (chaussures de randonnée en l'occurrence)
  • 1 paire de tongs
  • 1 nécessaire d'électronique : chargeur de téléphone, batterie portable 1000 mAh (*)

J'aurais finalement pu me passer de items marqués (*) car il était prévisible pour ce voyage que je ne les utilise pas et ils prenaient un peu de place et de poids [or plus on roule léger, mieux c'est !]. Le K-way reste tout de même un bon ami pour rouler en cas de pluie [et d'expérience rassurez-vous, ça se fait quand même assez bien].

À noter qu'il semble courant que les hébergements ayant l'habitude d'accueillir des cyclistes (notamment ceux labellisés "Accueil Vélo") proposent une machine à laver, ce qui nous a permis d'emporter un ensemble réduit de vêtements de sport.

Outils numériques

Si (presque) tout s'est déroulé sans accrocs, il faut dire que c'est aussi grâce au numérique. Il nous a permis de s'organiser en mode "collaboratif" : répartition des tâches, partage d'informations…

Dès le début de la préparation du voyage, et jusqu'à la fin, nous avons ainsi alimenté et utilisé un document de voyage partagé (un Google Doc par réflexe, mais à la réflexion un FramaPad aurait fait l'affaire).

Celui-ci permettait à tout le monde d'avoir accès en lecture et en écriture à toutes les informations utiles :

  • Itinéraire : c.f. tableau ci-dessus.
  • Vélos : informations sur la location, inventaire des équipements (sacoches, casques).
  • Logement : lieu, descriptif, capacité, lien web, contacts par téléphone, instructions d'arrivée et de départ.
  • Tourisme : quelques idées de lieux à visiter.
  • Checklist : liste de choses à ne surtout pas oublier (vêtements adaptés, crème solaire, …).

Voici d'ailleurs les sites et logiciels qui nous ont été particulièrement utiles :

  • Telegram (messagerie instantanée, sondages rapides)
  • Google Documents (document de voyage partagé) [autre option : FramaPad]
  • FranceVéloTourisme (suggestions d’itinéraires, prospection de logements)
  • Google Maps / My Maps (carte, itinéraire avec lieux d’intérêt) [autre option : FramaCarte]
  • GeoVelo (GPS spécial vélo, connaît notamment les pistes cyclables)
  • FramaDate (choix des dates en fonction des disponibilités)
  • Airbnb (prospection de logements)
  • Leboncoin (prospection de logements)
  • Tricount (liste des dépenses partagées)
  • Lydia (remboursements pour équilibrer le Tricount une fois le voyage terminé)

Je conviendrais que connaître, utiliser et combiner tous ces outils [une bonne dizaine, tout de même !] est certainement loin d'être évident ou accessible à tous. Reconnaissons-le, en bonne bande de jeunes ingénieur(e)s et étudiant(e)s, nous sommes de ce point de vue particulièrement privilégiés…

Mais même si vous n'êtes pas très à l'aise avec le numérique collaboratif, j'aime à penser qu'il reste possible d'organiser des vacances à vélo sans trop de soucis. Pour la navigation par exemple, la voie verte du Canal de la Garonne reste suffisamment balisée pour qu'on puisse se passer de GPS à temps complet et s'appuyer sur une bonne vieille carte papier ! [J'en avais d'ailleurs préparé une au cas où, qui sait, tous nos téléphones tombaient en rade…] Encore une fois, l'important est de prendre le temps de préparer à l'avance.

Pause à l'ombre d'un saule pleureur bordant une écluse, entre Moissac et Agen.
Pause à l'ombre d'un saule pleureur bordant une écluse, entre Moissac et Agen.

Considérations économiques

Bon, parlons argent ! C'est après tout un élément déterminant pour choisir ses vacances.

J'imagine que le côté [avouons-le] un peu "bobo" du concept-même de partir en vacances à vélo peut véhiculer l'illusion que ce type de vacances coûterait particulièrement cher.

Or, nous allons le voir, c'est globalement bien une illusion : toutes priorités revues, des vacances à vélo top confort coûtent en réalité assez peu cher [en voilà une bonne nouvelle !].

Coût du voyage

Les grands postes de dépenses pour cette descente de la Garonne à vélo étaient les suivants : transport en train, location des vélos, hébergement, alimentation, tourisme et activités.

Évidemment, certaines dépenses étaient variables selon les participants (train et alimentation notamment). Je vais donc vous présenter mes dépenses personnelles.

Voici le bilan détaillé pour la semaine complète, toutes dépenses incluses :

Poste Dépenses par personne Détails
Transport en train 167 € - Aller en TGV : 58 € (Valenciennes - Paris-Massy - Bordeaux) [carte jeune]
- Bordeaux-Toulouse en TER avec les vélos : 19 €
- La Réole-Bordeaux en TER le dernier jour : 6 €
- Retour en TGV : 84 € (Bordeaux - Paris-Massy - Valenciennes) [carte jeune]

Distance totale parcourue : ~ 1 750 km (soit 9.5 ¢/km)
Vélos 64 € Location de 7 jours (soit 9 € par jour), incluant : 1 vélo, 1 sacoche 20L, 1 antivol, 1 kit de réparation.
N.B. : 30 € d'achat de vêtements cyclistes en amont (non-inclus) [et j'aurais pu trouver moins cher en ressourcerie]
Hébergement ~ 120 € 7 nuitées entre 15 et 22 € par personne et par nuit
Alimentation ~ 230 € - 7 repas au restaurant (17 € en moyenne)
- 4 repas cuisinés maison (5 € en moyenne)
- 5 repas sandwiches (7 € en moyenne)
- 2 petit-déjeuners d'hôte (6 € en moyenne)
- 6 sorties bars (10 € en moyenne)
- Le reste en extras (petits déjeuners maison, fruits, fromages, collations, …)
Tourisme et activités ~ 20 € Visites de musées et sites historiques
TOTAL ~ 600 €

Aurait-on pu faire mieux ?

Clairement : oui. Nous n'avons pas été très regardants aux dépenses lors de notre voyage. Or, en rassemblant le tableau ci-dessus, je me suis rendu compte que l'on aurait pu dépenser bien moins d'argent sans rogner sur la qualité.

Par exemple, toutes choses égales par ailleurs :

  • Alimentation : donner la priorité aux repas fait maison (bons et moins cher) et y aller molo sur les bars aurait permis, selon mes calculs, d'économiser environ 80 €.
  • Transport en train : tout d'abord, quelques surcoûts auraient pu être évités en réservant les trains plus en avance [on avait d'ailleurs carrément oublié de réserver le Bordeaux-Toulouse…]. Ensuite, à ~ 10 ¢/km pour le train contre ~ 4 ¢/km pour la voiture, partir 2 fois moins loin (Pays de la Loire ou Bretagne par exemple) aurait permis d'économiser en ordre de grandeur au minimum 40 € de train (contre seulement ~ 15 € de voiture).
  • Vélos : investir [en occasion de préférence] dans une sacoche aurait permis 10 € d'économies à la location.

Soit déjà environ 130 à 150 € d'économies, nous amenant sous la barre des 500 € la semaine.

En poussant un cran plus loin, le poste hébergement aurait aussi pu être réduit en optant par exemple pour le camping. En investissant [en occasion de préférence] dans du matériel de camping de qualité (matelas gonflables confortables, tentes pratiques, vaisselle compacte…), nous aurions pu passer de 15-22 €/nuit à ~ 3 €/nuit, soit environ 110 € d'économies supplémentaires. Et hop, on s'approche de 350 € la semaine…

La fourchette basse de 400 € la semaine semble donc envisageable sans trop rogner sur le confort et la qualité.

Et pour l'exhaustivité, l'option tour opérateur ne semble guère plus intéressante : un rapide tour d'horizon sur le web me donne entre 600 et 900 € par personne pour une semaine sur un trajet similaire au nôtre… Il reste donc plus économique [et amusant, non ?] d'organiser le voyage soi-même.

Au final, un tarif entre 400 et 600 € la semaine par personne semble d'autant plus raisonnable qu'il correspond à un peu moins de la moyenne du budget des français pour les vacances d'été, à en croire un baromètre de 2019 7.

Voilà qui est encourageant ! Mais livrons-nous à un dernier exercice : comparons à un scénario de vacances plus "classique" : le voiture + mobil-home.

Comparaison à un scénario voiture + mobil-home

Pour essayer d'être réaliste, je vais calquer ce scénario sur ce que ma famille et moi ferions en pareille situation. Voici les changements principaux que je vais appliquer :

  • Itinéraire : location "statique" près de Bordeaux, déplacements dans les alentours au gré des activités.
  • Transport : voiture moyenne, hypothèse 4 passagers par voiture (permettant un partage des coûts).
  • Vélos : ce poste disparaît.
  • Hébergement : location en camping 4 ou 5 étoiles [nos hébergements en Airbnb et auberges "top confort" valaient bien ça !]. Un rapide coup d'œil sur le web me donne une estimation à 620 €/semaine environ pour un mobil-home type "cottage" pour 4-5 personnes (nous aurions donc dû en louer 2 pour 8 personnes).
  • Alimentation : part plus grande faite au cuisiné maison (1 repas par jour).
  • Tourisme et activités : budget plus conséquent consacré à des activités plus chères (parcs d'attractions, activités d'eau, …).

Pour le reste, j'ai globalement gardé les mêmes hypothèses.

Voici le résultat :

Poste Dépenses par personne Détails
Transport en voiture (4 passagers) 71 € [Données Mappy]
- Aller (790 km) : 33,50 €/pers (50/50 péage et carburant)
- Déplacements sur place en voiture (200 km) : 4 €/pers (hypothèse carburant à 2 ¢/km)
- Retour (790 km) : 33,50 €/pers

Distance totale parcourue : ~ 1 780 km (soit 4 ¢/km)
Camping 155 € 7 nuitées en mobil-home à 620 €/semaine, partagé entre 4 personnes
Alimentation ~ 190 € - 8 repas cuisinés maison (5 € en moyenne)
- 4 repas au restaurant (15 € en moyenne)
- 4 repas sandwiches (7 € en moyenne)
- 6 sorties bars ou cafés (10 € en moyenne)
Tourisme et activités ~ 140 € - 3 sites historiques : 40 €
- 1 parc d'attractions : 40 €
- 1 visite d'une grotte : 15 €
- 1 descente de fleuve en canöe-kayak : 30 €
- 1 dégustation de vin : 15 €
TOTAL ~ 560 €

Résultat : on arriverait à ~ 560 € (contre ~ 600 € pour notre voyage train + vélo), à niveau de confort (subjectif) équivalent.

On peut donc dire que ces vacances en train + vélo ne coûtent pas sensiblement plus cher. On l'a même vu : elles pourraient coûter moins cher, en partant moins loin (moins de 500 €) ou en optant pour l'aventure totale en camping (moins de 400 €). Les coûts cachés de la voiture (prêt, assurance, entretien, réparartions, …) pourraient encore davantage faire pencher la balance.

Cela dit, je dois bien l'avouer qu'à ce tarif là, clamer que "le train + vélo, c'est pas cher" me paraîtrait déplacé. En effet, alors qu'un tiers de la population [22 millions de personnes !] est toujours privée de vacances d'été 8, au cours de la période 2014-2019 deux tiers des français déclaraient avoir été contraints de renoncer à partir en vacances d'été pour raisons financières 9. Pour autant, face à la montée en gamme des campings et locations, le tourisme à vélo, qui semble s'adapter aux budgets modérés, pourrait bien s'avérer intéressant pour une part croissante de la population. Voilà cependant qui mériterait analyse et argumentation plus approfondie…

"Bas carbone" ? Vérifions !

J'indiquais en introduction qu'un des arguments "massue" en faveur des vacances à vélo était, selon moi, son caractère bas carbone. Mais après tout, vous êtes bien en droit de demander une vérification — et moi aussi ça m'intéresse !

Alors, à quel point ces vacances à vélo ont-elles été douces avec le climat ? Sont-elles réellement bas carbone, c'est-à-dire compatibles avec l'objectif de rester "bien en-dessous de +2°C en 2100", comme le prévoit l'Accord de Paris de 2015 ?

Pour y répondre de façon convaincante, et n'ayant pas encore abordé la comptabilité carbone sur ce blog, je vais devoir me livrer à quelques calculs et explications. Rassurez-vous ! Rien d'insurmontable : seulement quelques règles de trois. [Mais n'hésitez pas à sauter les détails.]

Tout d'abord, un petit point de méthode : une façon rapide d'estimer les émissions de GES (mesurée en tCO2e, pour tonnes de CO2-équivalent) associées à une activité est de : 1/ lister attentivement les principaux postes d'émissions, c'est-à-dire tout ce qui peut émettre des GES de façon significative (transport, alimentation, usage des bâtiments, etc) ; 2/ les multiplier par les facteurs d'émissions correspondants ; 3/ sommer le tout pour obtenir une estimation globale 10. Un exemple : si vous parcourez 1500 km en voiture (l'équivalent d'un aller-retour Paris-Marseille), sachant que 1 km d'un trajet longue distance en voiture à essence correspond en moyenne à environ 80 gCO2e par passager, on peut estimer les GES associés à environ 120 kgCO2e par passager. Dans ce calcul, "80 gCO2e/km.passager" est le facteur d'émissions. Rassurez-vous, je ne l'ai pas sorti de mon chapeau ;-) : en France, les facteurs d'émissions sont revus et centralisés dans la Base Carbone de l'ADEME (il faut créer un compte pour y accéder). Le résultat sera nécessairement approximatif, mais c'est amplement suffisant pour la plupart des usages.

Maintenant, que signifierait précisément des vacances "bas carbone" ?

Brièvement, sachez qu'en raisonnant à partir des émissions cumulées de GES à ne pas dépasser pour rester sous +1.5°C (resp. +2°C) de réchauffement global [une priorité vitale pour les décennies à venir], on peut montrer que cela revient à réduire les émissions de GES pour atteindre environ 2 tCO2e par personne et par an d'ici 2050 (resp. 2070) environ, au lieu des quelque 11 tCO2e/pers/an actuellement [il y a du boulot !] 11.

Adapté de "Faire sa part", Carbone 4, juin 2019, chiffres 2017. Modifié avec Inkscape.
Adapté de "Faire sa part", Carbone 4, juin 2019, chiffres 2017. Modifié avec Inkscape.

Ramenées à un budget quotidien, ces 2 tCO2e/an correspondent à une moyenne de 5.5 kgCO2e/jour.

On peut donc considérer que des vacances "bas carbone" [et plus généralement n'importe quel mode de vie soutenable] ne doivent pas dépasser significativement la moyenne de 5 à 6 kgCO2e par jour.

Bien, voici maintennant mes petits calculs…

N.B. : J'ai construit le tableau ci-après comme suit. Pour chaque poste de dépenses vu plus haut, je transpose en listant les postes d'émissions principaux. Le calcul le moins évident est l'hébergement : je ne compte que les sources d'émissions spécifiques à notre présence sur les lieux : pas de chauffage (nous ne l'avons pas utilisé), mais des frais de ménage qu'il faut prendre en compte (car éventuellement associés à des déplacements en voiture et des produits chimiques, par exemple). Je prends à chaque fois des facteurs d'émission issus de la Base Carbone de l'ADEME, en me basant sur la valeur la plus pessimiste en cas d'hésitation.

Poste Quantité par personne Facteur d'émissions GES (kgCO2e)
Train 1750 km
[= 2x750 km TGV (Valenciennes-Bordeaux A/R)
+ 200 km TER Bordeaux-Toulouse
+ 50 km TER La Réole-Bordeaux]
2 gCO2e/km 3.5
Vélo 240 km - [Négligeable : vélo classique] -
Alimentation 7 jours en régime flexitarien 2.8 kgCO2e/jour 19.6
Hébergement
Détails :
7.2
- Chauffage - [Négligeable : saison estivale] - -
- Eau chaude sanitaire 10 kWh
[= ~1800 kWh/an.foyer (moyenne) x 2.2 pers/foyer (moyenne, Insee) x 7 jours / 8 pers]
0.22 kgCO2e/kWh
[Chaudière gaz]
2.2
- Déchets 10 kg
[= ~500 kg/pers.an x 7 jours]
~ 0.2 kgCO2e / kg
[Approx. déchets mixtes]
2.0
- Nettoyage 18 € HT
[= 20 € HT/jour x 7 jours / 8 pers]
0.17 kgCO2e / € HT
[Ratio monétaire "services"]
3.0
TOTAL 31.2

Les vacances ayant duré 7 jours, les émissions journalières furent donc de 31.2 / 7 = ~4.5 kgCO2e/jour. Certains calculs peuvent être discutés, d'autres postes de moindre importance pourraient être ajoutés, mais cet ordre de grandeur semble solide, et il est dans les clous comparé à la limite de 5 à 6 kgCO2e/jour obtenue ci-dessus.

Je conclus donc : oui, dès aujourd'hui, les vacances "train + vélo" sont résolument bas carbone ! 🎉

À l'inverse, un seul calcul suffit à montrer que des vacances similaires avec transport en voiture ne seraient PAS bas carbone. En effet, admettons que l'on parcourerait également 1 750 km en 2 voitures de 4 personnes. Émissions de GES associées par personne : 1 750 km x 180 gCO2e/km / 4 passagers = 79 kgCO2e, soit 11 kgCO2e/jour (à comparer à notre limite de 5 à 6 kgCO2e/jour), rien que pour la voiture ! À l'inverse, pour émettre aussi peu que l'ont fait nos trajets en train (soit 3.5 kgCO2e), on ne pourrait parcourir en voiture que… 80 km environ. Pas de quoi aller bien loin ! ;-)

Conclusion : vers un modèle crédible et désirable ?

Voilà donc la chose démontrée : partir en vacances en train + vélo est bas carbone, et sans aucun doute l'option la plus sobre comparé à la palette de régions à découvrir [il y a des itinéraires dans toute l'Europe !].

À ce titre, et alors que le changement climatique se hisse maintenant à la première préoccupation des français et qu'ils sont de plus en plus nombreux à envisager des changements de pratiques 12, j'espère que ce petit récit pourra en inspirer certaines et certains en recherche de vacances alignées avec un monde bien en-dessous des +2°C en 2100.

Mais par-delà ses vertus climatiques, peut-on envisager un monde où ce modèle se généraliserait — et soit donc vu comme à la fois crédible (accessible, faisable, etc) et désirable par la majorité ? Répondre à cette question précisément est évidemment difficile, mais tentons d'apporter quelques pistes.

Il y a, très certainement, des freins à lever. D'une part, mon analyse économique ad hoc suggère que l'accessibilité économique semble encore incertaine [il faudrait cependant creuser le sujet]. D'autre part, il existe de nombreux verrous socio-techniques en faveur de la voiture ou de l'avion (marketing, intérêts industriels, "système voiture"). Enfin, les vacances jouent un rôle social particulier 13 qu'il convient d'analyser pour ne pas faire fausse route. Il est ainsi important de rappeler que oui, voyager à vélo peut être réellement dépaysant 14, tant la France regorge de régions aux paysages d'une superbe diversité [la vallée de la Garonne avait ainsi pour moi un air de Toscane italienne…].

Aperçu de la vallée de la Garonne, du haut d'une colline près d'Aiguillon.
Aperçu de la vallée de la Garonne, du haut d'une colline près d'Aiguillon.

Pour autant, des pistes existent : réglementation plus ambitieuse des vols avec alternative en train [l'interdiction avec alternative sous 2h30 de la loi climat 2021 ne représente ainsi que quelques lignes non-rentables 15], restructuration du système "chèques-vacances" en faveur de l'émancipation et de la sobriété, reprise en main d'un réseau ferroviaire petit à petit privatisé pour contrer une baisse prévisible du rapport qualité/prix 16 alors que sa fréquentation stagne 17, développement des infrastructures cyclables et du "système vélo", lutte plus générale contre la publicité outrancière et le greenwashing [encore une occasion manquée de la loi climat], etc.

De ces réflexions découlent alors des pistes politiques plus larges. Au fond, pour que la sobriété (dont le train + vélo est un bel exemple) soit désirable, elle doit s'accompagner de luttes plus globales pour la santé, l'éducation, l'alimentation, les services publics. Autant de choses qui touchent au plus près du quotidien de tous, et font pourtant l'objet d'attaques continues ces dernières décennies (casse de l'hôpital public, destruction méthodique de l'école et de la recherche publiques, sous-dotation chronique des services publics, …). "Fin du monde, fin du mois : même combat !" 18 : voilà ce que l'épopée des Gilets Jaunes nous a appris. Plutôt qu'en rester aux incitations à faire les "bons choix", la mobilisation écologique (dont la promotion de vacances plus sobres) doit rester indissociable du mouvement social. Et l'on sait à quel point il bouillonne ces temps-ci.

Bien sûr, continuer de raconter et documenter ces vacances, comme beaucoup le font déjà [et comme j'essaie modestement de le faire ici], est tout aussi essentiel. Les vacances à vélo sont un vrai plaisir : qu'on se le dise ! :-)

***

Épilogue

Je termine sur ces quelques mots d'ouverture, en espérant que ce petit guide-récit argumenté et ses "trucs et astuces" d'organisation servent à quelques unes et uns d'entre vous. En tout cas, nous garderons toutes et tous, je crois, un excellent souvenir de ces vacances à vélo. On se projette déjà dans d'autres voyages !

Pour aller plus loin, si vous avez envie de découvrir de véritables carnets de voyage, avec moult photos et anecdotes, en voici tout frais de cet été dans la blogosphère :

Et si vous en doutiez, les récits de voyage à vélo en famille (hé oui !) ne manquent pas non plus. Jetez un coup d'oeil à cette page témoignages sur FranceVéloTourisme. Et pour plein d'autres histoires, rendez-vous sur le site communautaire GlobalBiker.

Enfin, il est probable qu'un bilan GES comparatif des différentes options de vacances que j'ai pu expérimenter arrive plus tard. À suivre… ;-)


  1. Voir Chiffres clés 2020 du tourisme à vélo, Vélo & Territoires, juillet 2021. En 2020, la fréquentation cyclable était ainsi en hausse de 28% toutes pratiques confondues, et le site FranceVéloTourisme, portail national pour le tourisme à vélo, enregistrait des visites record. 

  2. Pour quelques mots qui rappellent l'importance de ce rapport et de ses conclusions, et des liens pour aller plus loin, voir Le GIEC et nous, Tristan Nitot, 2 septembre 2021. 

  3. Voir Bilan des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France, ADEME et Carbone 4, avril 2021. 

  4. Source : Base carbone de l'ADEME. 

  5. Ibid. Plus précisément, l'impact à l'usage retenu par l'ADEME est de 0 gCO2e/km pour le vélo classique et 2 gCO2e/km pour le VAE. La différence provenant de l'usage d'électricité dans le cas du VAE. Pour le vélo classique, seul l'alimentation du cycliste intervient, mais le surplus dû à l'effort est négligeable lors d'une pratique de loisir. En analyse de cycle de vie (ACV), on trouve le chiffre de 5 gCO2e/km pour le vélo classique (Fédération cycliste européenne, 2011, étude dont je n'ai néanmoins trouvé que des citations sur le web) et 11 gCO2e/km pour le VAE (Base carbone). 

  6. À ce sujet, vous pouvez consulter l'excellent dossier vélo en 5 parties publié Guillaume Martin sur le site BonPote. [Lui aussi avait démarré par des vacances à vélo… Peut-être finirai-je aussi militant pro-vélo très bientôt — ou le suis-je déjà ? ;-)] 

  7. Le budget moyen par foyer s'élevait ainsi en 2019 à environ 2200 €, soit 730 € ou 550 € par personne pour un foyer de 3 ou 4 personnes respectivement. Voir Baromètre des vacances d'été 2019, étude Ipsos menée pour Europ Assistance, juin 2019. 

  8. Voir à ce sujet Vacances pour tous : une utopie qui s'éloigne, Le Monde Diplomatique, juillet 2021 ; ou encore Fais ta valise !, Alternatives Economiques, Hors-Série N°02 "Oblik", août 2019. 

  9. Voir Les français et les vacances : quelles inégalités ?, sondage IFOP pour l'UNAT et la Fondation Jean-Jaurès, juillet 2019. 

  10. Ces 3 étapes correspondent aux rudiments de la méthodologie Bilan Carbone®, qui est gérée en France par l'Association Bilan Carbone. L'utiliser officiellement dans un cadre professionnel requiert une certification, mais rien n'empêche tout un chacun de s'en approprier les grandes lignes, bien au contraire ! 

  11. L'échéance de cet objectif est quelque peu fluctuant, mais l'ordre de grandeur est le bon. En France, cet objectif est d'ailleurs inscrit dans la loi : voir p.53, Stratégie Nationale Bas Carbone, révisée en mars 2020, Ministère de la Transition Écologique. Pour en savoir plus sur cette histoire d'empreinte carbone, voir Comment calculer son empreinte carbone ?, BonPote, septembre 2020. 

  12. En page 34 de l'enquête Le cœur des français, publiée en août Harris Interactive pour Challenges, on lit que 84% des répondants jugent en effet le changement climatique comme un sujet inquiétant, à égalité avec "l'avenir de vos enfants". Dans ce cadre, 74% des sondés se disent prêts à moins prendre l'avion pour partir en vacances, et 69% à moins utiliser la voiture pour les déplacements. Merci à Tristan Nitot et son vrac du vendredi 10 septembre 2021 pour la découverte. 

  13. Voir Les fonctions sociales des vacances, Alternatives Economiques, juillet 2021. 

  14. La recherche de "dépaysement" ou de "réenchantement du quotidien" reste en effet très importante dans la pratique des vacances d'été. Voir L'enchantement du monde touristique, Bertrand Réau et Franck Poupeau, 2007. 

  15. Voir Décryptage de la loi climat : des promesses non tenues et une occasion manquée de faire émerger un texte historique, Carbone 4, mars 2021. 

  16. Pour un peu d'histoire sur les trains et les privatisations, voir ce fil Twitter du compte "BB27000". 

  17. Voir Le train doit passer la seconde, Alternatives Economiques, Hors-Série N°04 "Oblik", janvier 2021. 

  18. Ce slogan a été employé dans les manifestations de Gilets Jaunes dès 2018 comme antithèse à l'idée que les problématiques écologiques et sociales s'opposeraient naturellement. Au contraire, elles se rejoignent et sont complémentaires. Voir quelques analyses et reportages : Usbek&Rica (déc 2018), Attac (fév 2019), France Culture (nov 2019), etc.